Résidence Anne de Bretagne le mardi 18 novembre 2014, à 13H18 |
« Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous
manque, et tout est dépeuplé ! »
25 janvier 1913, 2 juillet 1938, 4 mars 1940, 4
avril 1946, 2 juillet 1950,
19 novembre 2014, ces six dates auront marqué à
jamais un siècle de vie. Veuve durant 64 ans et maintenant l’éternité que notre
mère n’appréhendait pas d’affronter. « Elle » croyait en Dieu, et cette
force l’a souvent aidé à affronter les vicissitudes de sa longue vie. Elle nous
a quitté en ce mois de la Toussaint, croyante, sans bruit, sans souffrance,
sans se plaindre. Elle ne voulait pas déranger, s’imposer.
Le 20 avril 1996, à 83 ans, le jour de la sainte
Odette Elle choisit, en toute connaissance, d’intégrer la résidence Anne de Bretagne sa dernière demeure terrestre.
Cela fait 18 ans. Sa cousine Raymonde, aujourd’hui dans sa 104ème
année est toujours résidente de cette maison. Elles ont pu y échanger leurs
souvenirs de jeunesse et passer de bons moments ensemble que j’ai pu retrouver
dans le journal qu’elle a tenu du 22 juin 1982 à Mai 2002 à la veille de ses 90
ans. Tu sais, j’ai pris un coup de vieux, me dit-elle cette année là.
En 1982, quelques années après sa cessation
d’activité professionnelle elle a décidé de quitter sa ville natale du Mans
pour rejoindre à Nantes Jeanne sa sœur et Robert son époux, grand copain de son
mari, devenu son beau-frère. L’année de ses 90 ans, qu’elle se faisait un
plaisir de fêter au milieu de sa famille réunie, Jeannette sa sœur de 4 ans sa
cadette quitta ce monde, bien trop tôt. La fête fut un peu gâchée. Les deux
sœurs on vécu une jeunesse et une vie de jeunes filles très fusionnelle au Mans
dans la maison de nos grands-parents Doisneau, au 23 de la rue Loiseau ou
cousins et cousines nous avons de nombreux souvenirs. Le 162 rue Henri Barbusse
au Mans, maison familiale Chalumeau a également été au fil de ce siècle le lieu
de joies mais aussi de peines.
Le 2 juillet 1950 au décès de son mari Ernest-René,
l’ ainé d’une famille de cheminots de quatre enfants et cheminot lui-même, « Elle »
dut abandonner sa vie de femme au foyer et trouver rapidement un emploi. Elle
avait quitté l’école après la classe de 5ème. « Elle »
intégra le fameux cours Pigier et devint une sténodactylo hors pair et la comptabilité
n’avait plus de secret pour elle. Elle hérita de la fibre du commerce de son
père Victor marchand de bestiaux. De la confection Chapin à la bijouterie
Dutray elle s’installa rapidement et définitivement en 1955 et jusqu’à sa
retraite en 1979, dans la vente des vélosolex et des motos de la bien connue
concession Alline au Mans.
Mes enfants, Laure, Matthieu Sophie, mes neveux et
nièce, Guillaume Frédérique, ,votre grand-mère paternelle vous a fait passé de
bons moments lors de vacances estivales au bord de la mer non loin d’ici, durant
votre adolescence. Vous m’avez dit en garder de bons souvenirs, puissiez en retour
conserver le souvenir d’une grand-mère aimante et dévouée., qui savait vous
confectionner de bons petits plats. Elle était bonne cuisinière. Sachons
perpétuer cette qualité.
Pauline, Margaux, Cassandre, Cyann, Maël, Killian,
Thimoté, Camille, Tancrède, Oscar, Aimée, Félicie, votre arrière-grand-mère n’a
pas pu voir ses douze arrières petits
enfants autant qu’elle l’aurait souhaité. Elle me l’a dit et en ressentait de
la peine. La vie est ainsi faite. Parfois les chemins éloignés ne se
rencontrent jamais. A l’image de vos grands-parents, vos parents sauront, j’en
suis certain, vous rappeler au fil du temps qui passe, les souvenirs de sa vie.
Gardons en nous le sentiment de mémoire.
Cousins, cousines, Lebourg, Chalumeau vous
l’appeliez « ma tante ». Avec vous et avec vous tous partageons ses derniers souhaits manuscrits :
« Maintenant je demande à tous de bien me
comprendre et surtout de bien vous entendre et je vous embrasse très
fort ».
Ne soyons pas tristes, sa route fût longue, et parsemée
de moments heureux. Pardonnons, si besoin était, ses faiblesses, ses écarts de
langage spontanés parfois incompris voire peut-être même injustes. Elle avait
comme on dit « du caractère ». Sa vie a été honnête et
courageuse. Elle aimait sa famille. Elle vous aimait. Elle nous aimait.
Alors rendons lui aujourd’hui un dernier hommage en
respectant ses dernières volontés. Partageons cette cérémonie religieuse
qu’elle désirait pour rejoindre le monde en lequel elle croyait.
A Nantes le 22 novembre 2014, église Saint Similien,
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